Déjà cinq ans depuis ma démission de l’Education nationale

Comment en suis-je arrivée à quitter le métier de professeur des écoles ?

Longtemps, la démission m’est apparue comme un rêve lointain. Quelque chose de désirable et de terrifiant à la fois. Je pensais démissionner tout au bout de mon parcours de reconversion. Parce que cette reconversion, j’y ai pensé dès ma seconde année d’enseignement en 2001. Et cette idée ne m’a pas quittée malgré tous mes efforts pour m’adapter et trouver ma place dans cet métier et ce système.

J’ai franchi une à une les étapes conduisant à la fameuse lettre de démission, mais pas toutes.

En 2008, j’ai fait un bilan de compétences avec le CBEN (Centre de Bilan de l’Education nationale).

En 2011, je terminais un master en ingénierie de formation réalisé à distance

En septembre 2017, j’étais certifiée au coaching et j’avais obtenu un temps partiel et une autorisation de cumul d’activité

En septembre 2019, j’avais obtenu une disponibilité pour création d’entreprise

Et pourtant j’ai démissionné en octobre 2019.

J’ai touché du doigt la réalité d’une démission pour la première fois en juin 2019. Je souffrais vraiment d’enseigner dans une classe difficile, chaque journée était un combat. Je n’arrivais pas à canaliser ces élèves-là, à garder leur attention, à garder mon calme.

Un rendez-vous avec une maman d’élève s’est mal passé, ça a été la goutte de trop. Après une grosse crise de nerfs , je l’ai dit : « je vais démissionner ». Et pour la première fois ça m’a paru possible.

Et puis une fois en disponibilité, j’ai quand même voulu savoir à combien se monterait l’IDV, cette indemnité qu’on pouvait recevoir si on créait une entreprise. Mais attention, il fallait démissionner d’abord, créer son entreprise après.  L’IDV était née d’un projet  de réduire le nombre de fonctionnaires sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Si je créais mon entreprise en restant en disponibilité, je perdais l’IDV, et à terme je partais sans aucune indemnité. On commençait tout juste à parler de rupture conventionnelle, mais sans certitude sur ses modalités.

Connaissant l’Education nationale, je me suis dit : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Et je ne vais pas encore perdre de l’argent et partir sans rien.

D’autre part, j’aurais déjà dû demander le renouvellement de ma disponibilité en décembre. Même en disponibilité, je n’étais pas libre, j’étais toujours tributaire des autorisations de l’Education nationale. Dans ma tête j’étais toujours enseignante.

Comme quand on a pris le départ sur un toboggan, les choses se sont enchainées. J’ai demandé le calcul de mon IDV. A la fin il ne restait plus qu’à faire la lettre de démission. Je l’ai écrite. Il ne restait plus qu’à la poster. J’ai dû m’y prendre à deux fois. Mais arrivée là, je sentais que je ne pouvais plus reculer.

Comment ai-je vécu cette démission ?

Certains ressentent un gros soulagement. Cela n’a pas été mon cas. Au moment de poster ma lettre de démission, j’ai ressenti une grosse tristesse, tous les efforts que j’avais déployés pour y arriver s’arrêtaient là. C’était la fin et je le ressentais malgré tout comme un échec. Une de mes clientes, dans la même phase, a parlé de gâchis. Je faisais le deuil de ce que j’avais voulu réaliser et apporter aux enfants en devenant enseignante.

Après, je suis simplement passée à autre chose, j’ai continué à développer mon activité de coach. Mais je n’ai pas pu retourner dans mon ancienne école. Peu à peu j’ai cessé de faire des cauchemars liés à la classe. Progressivement, j’ai ressenti une forme de légèreté. Et j’ai été délivrée des angoisses du dimanche soir et des fins de vacances.

Est-ce que j’ai des regrets cinq ans après ma démission ?

Quand je rencontre des difficultés dans mon nouveau métier, dans lequel je dois sans cesse faire mes preuves et apprendre des choses que je ne sais pas, je regrette un peu le sentiment  plus confortable de maitrise que j’avais en étant enseignante.

Et si c’était à refaire ?

Si je n’avais pas démissionné à ce moment-là, je crois que je ne l’aurais jamais fait. Je serais allée au bout de mes deux ans de disponibilité pour création d’entreprise. Et devant l’incertitude financière que je vis comme entrepreneure, j’aurais choisi le retour à la sécurité. Et là les portes se seraient refermées sur moi. L’horizon aurait été définitivement bouché. Alors que j’ai choisi le nom de « Grand Large Coaching » pour mon entreprise. Tenir dans l’Education nationale en ayant un autre projet, à la rigueur je pouvais. Mais en n’ayant pas d’autre perspective jusqu’à la retraite, je n’aurais pas pu.

Alors non, rien de rien, je ne regrette rien.

Conseils aux enseignants qui pensent à démissionner de l’Education nationale

Informez vous sur les différentes modalités de départ qui existent

La démission est la meilleure option quand on veut partir vite, dans le cas où on a déjà trouvé un autre emploi par exemple. S’il est vrai que l’Education nationale préfère accorder cette démission en fin d’année scolaire, il arrive aussi que cela se fasse au cours de l’année, au cas par cas, en fonction de la situation.

Sachez qu’en cas de démission, vous partirez sans indemnité et sans allocation au retour à l’emploi (ARE). Mais sachez aussi qu’une fois inscrit à France Travail, qui vous notifie le refus de cette allocation, vous pouvez demander un réexamen de votre situation 120 jours après votre démission. Si vous pouvez justifier d’avoir fait des démarches actives en vue de retrouver un emploi (salons de l’emploi, candidatures, formations, ateliers…), il est très probable que des droits vous seront alors ouverts, et que vous pourrez toucher l’ARE. (Cela ne sera cependant pas le cas si vous avez été en disponibilité avant de démissionner et que vous ne perceviez pas de salaire).

Avant de démissionner, regardez si une demande de Rupture conventionnelle est envisageable.

Cette option est plus sécurisante, puisque vous pouvez obtenir une indemnité de rupture et des droits à l’ARE.

Enfin, l’abandon de poste, qui consiste à ne plus effectuer son service, sans justificatif, et sans répondre à la lettre recommandée de mise en demeure, conduit à un licenciement sans indemnité.

Prenez le temps de mûrir votre décision avant de démissionner

Avant de partir, mesurez si le fait de lâcher prise sur certaines injonctions liées à votre métier (faire tout le programme, aider tous les élèves, satisfaire tous les parents…) pourrait vous aider à mieux le vivre. Si la réponse est oui, faites-vous accompagner pour devenir un enseignant plus serein et plus détendu.

Les outils de la thérapie brève, systémique et stratégique, que je suis en train d’acquérir, peuvent notamment produire des effets puissants et rapides pour retrouver du bien-être dans votre métier.

Ne partez pas pour fuir quelque chose de difficile, partez pour construire quelque chose de mieux.

Soyez prêt à une certaine dose d’incertitude et de risque, mais ne laissez pas le mal-être professionnel détruire votre santé.

Prenez le temps de construire un vrai projet avant de démissionner, en faisant un bilan de compétences par exemple, mais osez sauter le pas quand la sécurité se transforme en prison.

Ne restez pas seul : rejoignez des groupes d’enseignants en reconversion, faites-vous accompagner par un coach, assurez-vous du soutien de vos proches.

Enfin, ne laissez pas la peur vous garder prisonnier. Explorez les risques, et construisez des stratégies pour y faire face s’ils devaient se concrétiser. Vous serez ainsi paré pour le grand saut !

Noémie Gasser coach professionnelle pour enseignants salariés managers et équipes

Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Noémie GASSER

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