A l’heure où beaucoup d’enseignants se sentent fatigués, en perte de sens dans leur métier, et rêvent de reconversion professionnelle, voici un récit à contre-courant pour, peut-être, retrouver du sens et de la motivation à enseigner.

Peut-on conjuguer ses passions et son métier pour retrouver le plaisir d’enseigner ?

Sandra est professeur des écoles et directrice d’une école de 4 classes en zone rurale.

Je découvre par hasard son profil LinkedIn, et je suis étonnée de voir le nombre de formations qu’elle a faites : méditation, ateliers philo, passeur de nature, pédagogie Montessori…

J’ai envie d’en savoir plus, et je la contacte. Elle m’accorde très gentiment une petite interview.

Je suis toujours à la recherche de pistes pour aider les nombreux enseignants qui me contactent car ils se sentent fatigués d’enseigner et ne se voient pas rester dans ce métier encore de longues années.

Transmettre ses passions pour plus de bien-être avec ses élèves

Autant  le dire tout de suite, Sandra est une passionnée qui ne lésine pas sur les moyens pour concrétiser ses projets. Convaincue que la méditation à l’école améliore les capacités de concentration et la gestion des émotions chez les enfants, elle a investi son temps et son argent personnels pour se former. Elle profite même de son jour de décharge de direction pour animer des séances de méditation dans les autres classes de l’école.

Elle a remarqué au bout d’un an que c’était la première année où il n’y avait pas de table abîmée dans sa classe. Elle a surtout observé une meilleure concentration de ses élèves, qui se sont montrés plus silencieux, même si certains enfants ont besoin de plus de temps pour entrer dans cette démarche.

« Progressivement, la coopération et l’entraide prennent plus de place, les conflits entre élèves sont moins nombreux », note-t-elle.

Se former pour se sentir mieux dans son métier ?

Sandra dit être allée vers ces formations car elle traversait une période où elle n’allait pas bien. Elle reconnait que tout ça, elle l’a fait d’abord pour elle-même. A présent, elle se sent beaucoup mieux.

Le lundi matin, les 4 classes pratiquent ensemble des techniques d’ancrage dans la cour. Sandra anime également des ateliers philo dans sa classe. Et pour couronner le tout, elle fait classe en forêt tous les vendredi après-midis : elle s’est formée également pour devenir passeur de nature,  et anime des ateliers en forêt, ou bien y réalise des lectures, des activités artistiques ou musicales. S’il fait froid, c’est le temps d’EPS qui est converti en marche rapide.

Le retour est gratifiant : « Je fais plus, et je reçois beaucoup plus des enfants, des parents. Une relation saine et intéressante se met en place avec les enfants. Ça vaut le coup. »

Sandra ressent une ouverture progressive de sa hiérarchie à ces pratiques et constate que même les PES (professeurs des écoles stagiaires) présents dans sont école osent pratiquer la méditation avec les élèves quand elles sont visitées.

Se former pour plus de bien-être au travail : un paradoxe ?

Si vous êtes enseignant, peut-être serez-vous sceptique, voire opposé à cet investissement personnel impressionnant, vous qui avez déjà le sentiment de n’avoir jamais terminé l’école, et de crouler sous la charge mentale. C’est tout à fait légitime. Le but n’est pas de vous convaincre d’imiter Sandra, mais d’entendre ce qu’elle partage de son expérience :

« Dès qu’on arrive à sortir du cadre, ou à innover dans ce cadre, on se sent un petit peu mieux. L’essentiel est de s’ouvrir à d’autres choses. Finalement je sors du cadre tout en restant dedans. »

Alors comment  prévenir le brown-out et la fatigue des enseignants ?

En effet, on parle beaucoup du burn-out, mais peu du brown-out, ce sentiment de lassitude, de perte de sens, exprimé par beaucoup d’enseignants. Une des causes du brown-out est leur sentiment de solitude et d’impuissance à répondre aux nombreux besoins de leurs élèves.

Sandra a des idées : « Ce que je conseillerais à mes collègues qui sentent venir l’usure ? Vois quelle est ta passion et comment tu peux la transmettre aux élèves. De quoi as-tu besoin toi ? Si c’est la musique, fais plus de musique. Ça, tu le bosses et tu le transmets. Car lorsqu’on transmet ce que l’on est, ce que l’on aime, on n’est pas fatigué. »

« C’est important aussi de continuer à apprendre, de se remettre en position d’élève parfois. »

« L’enseignant est usé quand il n’apprend plus rien, quand il a le sentiment de rabâcher tout le temps la même chose. « 

Comment financer toutes ces formations ?

Sandra a créé une association et propose des ateliers forêt pour les enfants, le mercredi. Elle peut ainsi se rembourser ses frais, ses livres, ses formations, ses déplacements. Et elle peut également bénéficier du statut d’intervenante extérieure pour proposer ses services à d’autres structures.

Investir sur soi pour retrouver de l’énergie et un sentiment de valeur professionnelle

Chapeau bas. Le paradoxe, c’est que cet investissement hors normes ne dévore pas l’énergie de Sandra, au contraire il est créateur d’énergie pour elle. Et il est source de compétences différentes, de valorisation professionnelle.

Ses multiples projets permettent à Sandra de rester dans l’Education nationale : « Nous avons cette liberté pédagogique, et chaque enseignant doit utiliser ce droit. Le jour où je n’ai plus cette liberté, je m’en vais », conclut-elle.

 

Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Noémie GASSER

Je suis Noémie Gasser, coach professionnelle. J’accompagne les enseignants qui se sentent perdus dans leur vie professionnelle à trouver un nouveau équilibre ou à construire un projet de reconversion.

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