Professeur des écoles : quand le temps de travail pèse sur la vie personnelle
Le temps de travail des professeurs des écoles dépasse largement 35h par semaine
Les enseignants du primaire déclarent travailler 43h par semaine en moyenne, d’après la note 22.30 de la DEPP* de 2022 , et au moins 34 jours durant l’ensemble des vacances scolaires
Ce volume horaire est supérieur à celui des cadres A, qui est de 40h hebdomadaires en moyenne.
Ces 43h de travail se composent à minima de :
– 24h face aux élèves
– 3h/semaine d’APC, réunions, suivi (les 108h, qui débordent souvent)
– et donc environ 16h de travail personnel (préparations, corrections, tâches administratives etc…)
Comment les professeurs des écoles organisent-ils leur temps de travail personnel ?
La plupart restent sur place pendant la pause de midi, déjeunent rapidement et vont corriger, faire des photocopies etc… S’ajoute à cela environ 2h de travail après la classe, à l’école ou chez soi, une fois les enfants couchés. Et de nombreux professeurs des écoles travaillent aussi une partie du mercredi et plusieurs heures le weekend.
L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est compliqué à trouver pour les professeurs des écoles
43h par semaine, c’est beaucoup, surtout si on a des enfants. Paradoxalement, ce métier est choisi par beaucoup de femmes qui souhaitent avoir un métier compatible avec leur vie de famille. Après une journée bien chargée, il faut récupérer les enfants, préparer le dîner, superviser les devoirs, coucher tout ce petit monde, et… se remettre au bureau. Terrible, le poids de la fatigue à ce moment-là.
Le weekend ou le mercredi, c’est aussi un savant jonglage pour grapiller quelques heures de travail. Dimanche matin, ou dimanche après-midi pendant la sieste des enfants, ou dimanche soir, c’est selon mais c’est très souvent un poids qui pollue le weekend et empêche de déconnecter. Il va falloir s’y remettre, le compte à rebours tourne toujours.
Ce temps de préparation qui empiète sur la vie personnelle est toujours cité par les enseignants qui me contactent car ils veulent changer de métier.
Pour certains, c’est un véritable problème car un phénomène de procrastination se met en place : ils repoussent le moment de s’y mettre à tel point que ce travail à faire devient omniprésent, de plus en plus pesant, et néfaste pour leur estime d’eux-mêmes.
Pour d’autres, il y a une pression de l’efficacité, pour tenter à tout prix de maintenir ce temps de travail dans certaines limites, et ne pas sacrifier les weekends.
« Un métier où quand je rentre j’ai terminé ! » Voici le rêve de bien des enseignants.
Comment réduire le temps de préparation ?
Certains professeurs des écoles font le choix de limiter résolument le temps consacré aux préparations. Mais comment font-ils ?
Voici ce que disent certains professeurs :
« Je fais beaucoup de choses en classe, avec les élèves »
« J’utilise des supports déjà prêts trouvés sur internet , des fichiers, des manuels. »
« Je refais la même chose d’une année sur l’autre »
« J’optimise mon temps à l’école, je prépare entre 16h et 18h. »
Mais l’application de ces conseils n’est pas forcément si simple. Chercher des supports sur internet prend du temps. Refaire la même chose n’est pas toujours possible, quand on change de niveau chaque année, ou bien quand les élèves sont très différents. Le temps après la classe est envahi de réunions et de formations. Et il faut encore avoir de l’énergie pour préparer à ce moment-là.
Quand les valeurs de travail bien fait empêchent de travailler moins
La plupart du temps, les professeurs des écoles veulent bien faire leur travail et être de bons enseignants. Ils ont à coeur de proposer des activités intéressantes aux élèves, du travail différencié selon les besoins de chacun, et des projets.
Alors ces motivations entrent en conflit avec le besoin de réduire sa surcharge de travail.
Ne pas parvenir à tout faire conduit les professeurs à se dévaloriser
Ce n’est pas assez bien, ce n’est pas assez.
Voilà les jugements permanents qui trottent dans la tête de nombreux enseignants et qui peuvent alimenter une anxiété persistante.
Certains ont intégré les injonctions de leurs parents dans leur enfance : « tu peux toujours faire mieux ». Et les discours des inspecteurs ne disent pas autre chose : « améliorez vos gestes professionnels, faites plus, faites mieux, les résultats des élèves français ne sont pas assez bons. »
Les enseignants, qui sont soucieux de faire du bon travail, ne peuvent pas s’autoriser à faire au plus simple et au plus pratique dans leurs préparations, voire improviser les jours où ils n’auront pas eu le temps de préparer. Alors ils continuent à consacrer beaucoup de temps au travail en-dehors de la classe, jusqu’au jour où ils n’en peuvent plus.
Pour limiter sa surcharge de travail, il faut d’abord reconsidérer son rapport au travail.
Pour limiter la surcharge de travail, il va falloir renoncer à certains idéaux, renoncer à satisfaire tout le monde, et même renoncer à des pratiques pédagogiques trop chronophages.
Certains accepteront d’enseigner « moins bien », d’autres préféreront cesser d’enseigner, ou enseigner dans un autre cadre.
Si vos valeurs ne peuvent pas être respectées en travaillant moins, il vous faudra penser à une reconversion vers un métier où le cadre est plus clair et le temps de travail limité par un volume horaire précis.
Vous avez besoin d’être accompagné à travailler moins, cesser de procrastiner, ou trouver un équilibre pro/perso ?
L’accompagnement Poste ton cartable est fait pour vous.
*DEPP : Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance : education.gouv.fr/etudes-et-statistiques
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Noémie GASSER