Un métier où j’ai terminé quand je rentre

De nombreux professeurs des écoles se plaignent d’une surcharge de travail

Les enseignants du primaire déclarent travailler 44 h par semaine en moyenne, d’après une enquête de 2010 sur education.gouv, dont 7h30 à 9h30 à leur domicile.

44h par semaine, c’est beaucoup, surtout si on a des enfants. Après une journée bien chargée, il faut récupérer les enfants, préparer le dîner, superviser les devoirs, coucher tout ce petit monde, et… se remettre au bureau. Terrible, le poids de la fatigue à ce moment-là. Même avec un petit (ou gros) morceau de chocolat pour se donner du courage.

Le weekend ou le mercredi, c’est aussi un savant jonglage pour grapiller quelques heures de travail. Dimanche matin, ou dimanche après-midi pendant la sieste des enfants, ou dimanche soir, c’est selon mais c’est très souvent un poids qui pollue le weekend et empêche de déconnecter. Il va falloir s’y remettre, le compte à rebours tourne toujours.

Ce temps de préparation qui empiète sur la vie personnelle est toujours cité par les enseignants qui me contactent car ils veulent changer de métier.

Un métier où quand je rentre j’ai terminé ! Voici le rêve de bien des enseignants.

 

Comment réduire ce temps de préparation ?

Certains professeurs des écoles font le choix de limiter résolument le temps consacré aux préparations. Mais comment font-ils ?

  • Je fais beaucoup de choses en classe, avec  les élèves
  • J’utilise des supports déjà prêts trouvés sur internet , des fichiers, des manuels.
  • Je refais la même chose d’une année sur l’autre
  • J’optimise mon temps à l’école, je prépare entre 16h et 18h.

Certains arrivent à poser leur cartable le vendredi soir et à le reprendre le lundi matin.

Mon amie Cathy est dans ce cas-là.

Avec 4 quarts de temps sur 4 écoles différentes, elle quitte chaque jour sa classe en ayant préparé la journée de la semaine suivante. Mais ce sont de très grosses journées.

J’ai remplacé Corinne dans une classe de CE1-CE2-CM1 à 29 élèves. Elle suivait les fichiers et les manuels. Point. Il y avait très peux d’affichages aux murs. Elle ne faisait presque aucun support à l’ordinateur. A la main, photocopié, à l’ancienne, avec les supports disponibles. Mais elle faisait du théâtre le mercredi et a tenu jusqu’à la retraite…

 

Je n’arrive pas à travailler moins

Souvent les professeurs des écoles veulent aussi bien faire leur travail. Etre un bon enseignant, proposer des activités intéressantes aux élèves. Proposer du travail différencié selon les besoins des élèves. S’investir dans des projets.

Alors ces motivations entrent en conflit avec le besoin de réduire sa surcharge de travail.

J’ai voulu accompagner Elodie à travailler moins. Impossible : elle préfère carrément changer de métier. Dès qu’elle travaille moins, elle ressent beaucoup d’angoisse.

Ce n’est pas assez bien, ce n’est pas assez.

Voilà les jugements permanents qui trottent dans la tête de nombreux enseignants.

Ils ont souvent intégré les injonctions de leurs parents dans leur enfance : tu peux toujours faire mieux. Et les discours des inspecteurs ne disent pas autre chose : améliorez vos gestes professionnels, faites plus, faites mieux, les résultats des élèves français ne sont pas assez bons. Les enseignants qui ont besoin d’être valorisés, qui ont besoin qu’on leur dise qu’ils font du bon travail, ne peuvent pas faire au plus simple et au plus pratique dans leurs préparations, voire improviser les jours où ils n’auront pas eu le temps de préparer. Alors ils vont au bout de leurs ressources jusqu’au jour où le corps dit stop.

 

 Pour limiter sa surcharge de travail, il faut d’abord reconsidérer son rapport au travail.

Il est important de se faire accompagner. Le coaching et/ou la psychothérapie sont efficaces, selon les causes et l’ampleur du surinvestissement professionnel. Et si les valeurs de la personne ne peuvent pas être respectées en travaillant moins, il lui faudra penser à une reconversion vers un métier où le cadre est plus clair et le temps de travail limité par un volume horaire précis.

Marie a su lâcher du lest pour cesser de vouloir être une super maitresse, et être simplement une maitresse bien dans ses baskets. Pour Elodie, ça n’a pas été possible sans médicaments, et le projet de faire autre chose.

Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Noémie GASSER

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