La reconversion, une ruée vers l’or ?
En parcourant les fils de discussion sur différents groupes facebook d’enseignants, je me suis fait la réflexion que l’envie de reconversion s’étend et semble être la réponse à toutes les insatisfactions professionnelles, qu’on soit jeune prof T1 qui ne vient pas à bout de sa première classe, ou prof chevronné qui sent venir l’usure, ou encore PE passionné qui s’est investi dans son métier jusqu’au burn-out.
Entre lassitude progressive et situation d’extrême souffrance, la palette des motivations à quitter l’Education nationale est étendue.
Certains témoignages ont le même effet que des pépites d’or trouvées dans le creux d’un ruisseau : « je commence ma nouvelle vie demain, je vous dis adieu… » ils donnent des ailes à ceux qui hésitaient encore à partir.
Il peut y avoir là une forme d’effet d’entrainement, d’effet de groupe, qui conduit à penser que la reconversion est LA solution à tous les maux. Que ceux qui réussissent sont ceux qui osent franchir le pas.
Ce n’est pas pour décourager les aspirants au grand départ que j’écris cela, mais pour qu’on se pose tranquillement ces questions avant de claquer la porte : Est-ce que l’envie de reconversion ne serait pas une forme d’évitement des aspects peu riants de la vie professionnelle ? La réponse à une difficulté passagère ? Un refus de renoncer à son idéal ?
Il y a de plus en plus de témoignages de jeunes enseignants qui veulent fuir. Les premières années sont particulièrement difficiles, c’est vrai. Mais parfois, une main tendue au bon moment permet de garder confiance, de persévérer un peu jusqu’à ce que le cap soit passé.
Je pense à Muriel, l’année dernière. PES dans mon école. Motivation basse en début d’année : « ils sont horribles et je n’ai pas envie de venir le matin ». Après les visites de ses tuteurs en janvier, « je ne sais pas préparer correctement, je ne vais pas y arriver ». Dans mon cabinet quelques jours plus tard : « je crois que je ne suis pas faite pour ça, je vais me réorienter ». Et puis on commence l’accompagnement, et une fois qu’elle s’est libérée de l’influence de ses parents, qu’elle s’est acceptée avec sa personnalité, ses talents et ses points de progression, elle s’est dit que finalement, elle aimerait au moins tenter de la réussir, son année de stage.
Alors elle s’en est donné les moyens. Et puis elle l’a réussie.
A la rentrée suivante, panique à bord : catapultée le semaine d’après dans un cours double, au secours ! On a préparé ensemble, je lui ai donné des pistes, je l’ai soutenue le temps qu’elle apprenne à nager. Et puis ça a commencé à lui plaire, c’était sa classe, ses élèves, et c’était parti pour elle…
Mais sans soutien, elle aurait renoncé.
Evidemment, le soutien, c’est ce qui manque dans le système Education nationale. Heureusement, il y a la solidarité entre collègues, qui peut beaucoup, quand elle existe.
Sinon, on peut trouver du soutien à l’extérieur. On y est de ses propres deniers, mais on crée un espace de liberté pour se retrouver et redevenir acteur de la situation qu’on vit.
En tout cas, il est plus urgent d’écouter ce qu’on ressent vraiment au fond de soi, de comprendre ses besoins, de mieux se connaitre, que de trop s’imprégner de ce que font les autres. Car chaque personne est unique, dans sa propre configuration personnelle et professionnelle, et dans sa manière de percevoir les choses.
La reconversion est une solution. Mais ce n’est pas la seule, ce n’est pas celle qui convient à tous, c’est un voyage vers soi d’abord. Et c’est au creux de soi qu’on trouvera les vraies pépites.
Après 20 ans comme professeur des écoles, je suis devenue coach professionnel. J’accompagne les enseignants à sortir du mal-être d’enseigner.
Je propose des formules d’accompagnement spécialement conçues pour clarifier votre envie de changement, débuter dans le métier, recréer du bien-être dans votre vie d’enseignant, retravailler après un burnout, ou vous reconvertir.
Je travaille en présentiel et à distance
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Noémie GASSER